Des milieux menacés
Bien que la convention de Ramsar en Iran ait été signée en 1971, 52 ans plus tard, les zones humides continuent de disparaitre ou d’être malmenées. En France, les scientifiques estiment que près de 50 % de la surface des zones humides ont disparu entre 1960 et 1990. En cause principalement l’artificialisation des sols et des milieux aquatiques et les remembrements agricoles d’après-guerre. D’autres facteurs comme le changement climatique et la pollution dégradent directement la qualité de ces milieux et les services écosystémiques qu’ils fournissent. L’Office Français de la Biodiversité estime que 41 % des sites humides emblématiques sont actuellement dégradés.
Une question d’image ?
Les zones humides ont longtemps été perçues comme des espaces insalubres et inutiles, parfois réduites à des marécages. Cette mauvaise image a souvent été utilisée pour justifier leur destruction. Depuis les années 1990, un important travail d’information et de sensibilisation a été mis en œuvre à travers les Plans nationaux milieux humides, relayé sur le terrain par les établissements publics et les associations environnementales. De nombreux acteurs se sont ainsi attelés à faire évoluer ces représentations sociales en montrant les bénéfices de ces milieux et la diversité des écosystèmes qu’ils recouvraient. De plus en plus, leur revalorisation passe aussi par des actions favorisant le maintien sur place d’activités économiques et récréatives durables (ex. élevage extensif, activités forestières, aquacoles, piscicoles, écotourisme). On est donc loin des pratiques de mise sous cloche des milieux vulnérables.
Tous les services sont dans la nature
Le travail de connaissance et de communication entrepris depuis plusieurs années a permis de mettre en évidence la multitude de services fournis par les zones humides. On sait par exemple que ces milieux régulent naturellement le cycle de l’eau en faisant office de zones tampon contre les crues et en relâchant de l’eau lors des épisodes de sécheresse. Ils facilitent également l’infiltration de l’eau dans les sols tout en agissant comme des filtres naturels contre la pollution. Par ailleurs, 40 % des espèces terrestres mondiales dépendent des zones humides qui constituent des réserves de biodiversité mais aussi des puits de carbone naturels.
Comment mieux les protéger ?
Les aménagements sur les zones humides sont en partie régulés par le code de l’environnement qui soumet à autorisation ou à déclaration les travaux pouvant affecter ces écosystèmes. La directive nitrate, elle, interdit les pratiques de remblaiement et de drainage en zones humides. Reste que leur inventaire lacunaire constitue souvent un frein pour leur prise en compte dans la planification territoriale. Pour pallier à ce manque, un projet de cartographie nationale des milieux humides sera présenté ce 16 février à Paris au Muséum national d’Histoire naturelle.
Si un tel projet repose essentiellement sur l’utilisation de données satellitaires, tenir compte des connaissances et des pratiques des acteurs locaux reste indispensable pour enrichir les résultats cartographiques et assurer leur intégration dans les dispositifs d’action publique. Autant en termes de préservation que de restauration, les collectivités gemapiennes en charge de la gestion des milieux aquatiques sont confrontés à un certain nombre de défis, posant la question des outils techniques et financiers à leur disposition mais aussi de l’engagement des parties prenantes.
Le manque d’intégration des zones humides dans les documents d’urbanisme ou encore la difficulté à exercer une maitrise foncière de ces espaces pour les gestionnaires interpellent à cet égard sur la nécessité de poursuivre le travail de sensibilisation et d’inventaire, mais aussi sur l’importance de définir des stratégies d’action pour protéger les zones humides qui permettent d’impliquer les propriétaires, les bénéficiaires et les usagers de ces écosystèmes.
Sources iconographiques : carte « Une grande diversité de zones humides » – Agence de l’eau / Infographie « Les milieux humides » – Ministère de la Transition écologique