Echanges avec Maylis Poirel, chercheuse et cheffe de projets Mobilités chez Auxilia.
Article complet disponible ici.
La mobilité solidaire, définie comme l’ensemble des actions mises en œuvre pour rendre la mobilité accessible à tou.tes, et en particulier aux plus vulnérables, n’est pas un sujet nouveau. Depuis plusieurs décennies, un ensemble d’acteurs, institutions, collectivités, opérateurs, associations, acteurs sociaux, employeurs, etc., contribuent à déployer des actions et services diversifiés comme la mise à disposition de véhicules, des garages, de la formation et de l’ accompagnement, etc. à destination de publics variés : salariés précaires, personnes en insertion, jeunes, seniors, bénéficiaires des minima sociaux, habitants des territoires peu desservis, etc.
Cela étant dit, les enjeux et perspectives de la mobilité solidaire ont pris une tournure différente depuis la promulgation de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM – 2019), qui inscrit la compétence de “mobilité solidaire” dans les textes et affirme le principe d’un “droit à la mobilité”.
Chez Auxilia, ce sujet est travaillé depuis longtemps, notamment via de nombreux travaux réalisés pour le Laboratoire de la Mobilité Inclusive (étude “Mobilité, insertion et accès à l’emploi” en 2013, étude “Mobilité des seniors en France” en 2014, animation de groupes de travail), ainsi que des études commandées par des collectivités ou associations.
Depuis la LOM, nos travaux sur le sujet se sont intensifiés (Baromètre des Mobilité des Quotidien, Guide des plateformes de mobilité, rapport “concilier inclusion et transition” ; animation des rencontres Tous Mobiles, formations sur la mobilité solidaire pour l’association AGIR Transport, élaboration des PAMS en Région Hauts-de-France, préfiguration d’une plateforme de mobilité dans l’Eure, expérimentation sur la mobilité des aides à domicile, étude sur le non-recours à la prime à la conversion, exploration “Familles Zones à Faibles Emissions”), ce qui nous permet de partager plusieurs enseignements, sous la forme d’une série de quatre publications.
De la nécessité de définir la mobilité solidaire
Une des questions centrales sur lesquelles nous revenons sans cesse dans nos missions est celle de la définition des publics de la mobilité solidaire. Force est de constater que plus on s’approche du sujet, plus le périmètre de ces publics apparaît flou et difficile à cerner. Or, la définition des publics-cibles est cruciale pour mettre en œuvre des actions qui correspondent à leurs situations de vie. Un premier article socle propose une rétrospective des constats qui ont émergé dans nos différents projets en cours, ainsi que quelques réflexions transverses pour une appréhension plus fine de ces publics et de leurs besoins.
Pour une vision alternative de la vulnérabilité
L’article de fond proposé ici est un fil rouge autour de la remise en question de l’idée reçue que les publics de la mobilité solidaire forment une “minorité à inclure” constituée de catégories bien identifiées, et qu’ils sont enclins à avoir recours “naturellement” aux dispositifs qui leur sont destinés. Au contraire, quatre pistes de réflexions, approfondies dans ce premier article, peuvent nourrir une vision alternative de la vulnérabilité liée à la mobilité.
- Assumer l’hétérogénéité des publics de la mobilité solidaire, sociale et géographique
- Allier quantification et qualification dans les études, afin d’apporter du concret et de la finesse à la vision “volatile” des publics
- Valoriser et rendre lisible l’écosystème de la mobilité solidaire, véritable “miroir” de la diversité des publics
- Identifier les bons acteurs-relais, portes d’entrée pour la mobilisation des potentiels bénéficiaires des dispositifs
Les publications suivantes viennent prolonger, en les illustrant, ces pistes de réflexions.
Une représentation graphique de ce que sont les plans d’action communs en faveur de la mobilité solidaire (PAMS) qui découlent de la Loi d’Orientation des Mobilités et qui doivent être mis en place dans toutes les régions françaises. Nous reviendrons sur notre accompagnement de la Région et des Départements des Hauts-de-France dans l’élaboration de leurs PAMS, les premiers mis en place en France. Cette infographie illustrera tout particulièrement la nécessité d’une définition “ouverte” des publics de la mobilité solidaire, et les conséquences en termes d’élargissement de la gouvernance à convoquer.
Un article dédié au sujet du vieillissement propose ensuite un zoom sur les seniors, public spécifique que nous avons rencontré au cours de différentes missions. L’exposition détaillée des enjeux spécifiques de la mobilité des seniors (déprise automobile, heures creuses, augmentations des besoins, perte d’autonomie, etc.) donnera un exemple de la complexité à “déplier” pour comprendre ce qui se cache derrière les “catégories” de publics.
Enfin, un podcast dédié aux Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV) conclura cette série. Pour la première fois dans l’histoire longue et riche de la Politique de la Ville, l’inscription de l’axe “Mobilité” est apparue dans les nouveaux contrats de ville 2024, comme étant un enjeux inhérent à l’atténuation des dysfonctionnements urbains et socio-économique de ces quartiers : enclavement, coupures urbaines, immobilité subie, marche à pied, insertion professionnelle en lien avec les métiers de la mobilité. Ce podcast animé par Auxilia donnera la parole à des acteurs travaillant dans ces quartiers pour donner un aperçu de l’hétérogénéité sociogéographique des publics en vulnérabilité ou précarité de mobilité.
