Organiser des assises de la transition écologique sur son territoire, une bonne idée ?

Pour agir face à l’enjeu, mais surtout pour réussir, il n’y a qu’une méthode, celle de l’écoute et du dialogue, nécessaires à la mobilisation du plus grand nombre. C’était l’idée originelle de ces Assises de la Transition Ecologique « Agir face à l’enjeu » organisée par Angers Loire Métropole qu’Auxilia a accompagnées entre août 2020 et octobre 2021.

Votre auteur et interlocuteurSimon POUILLAUTE

Simon POUILLAUTE

Directeur de l'expertise Energie & climat

Prendre le temps, à l’échelle pertinente du bassin de vie angevin, de réfléchir, de débattre et de coproduire les politiques publiques peut sembler paradoxal tant nous avons tous conscience de l’urgence. Mais c’est bien parce que nous n’avons ni le droit ni le temps d’échouer que nous devions oser cet exercice démocratique à grande échelle.

La coresponsabilité au service de la transition écologique

Et voilà sans doute la première leçon à retenir de ces mois de participation, d’ateliers, de votes et de plénières :il est possible de mobiliser, d’intéresser, de coproduire l’action publique lorsque quelques conditions indispensables sont réunies : des règles du jeu claires, de la pédagogie et du partage de connaissances une méthodologie de travail accessible à tous, et une volonté commune d’être utile à son territoire. Alors, la fabrique du consentement nécessaire devient possible.

Nous le savons tous, l’engagement des citoyens et des ménages vers une décarbonation des modes de vie est indispensable. Les 8 637 votes citoyens ont donné l’avantage aux propositions relevant de services ou d’usages concrets, ancrés dans la vie quotidienne des communes de l’agglomération angevine. Pour ces propositions retenues, Angers Loire Métropole aura un rôle d’animateur du « contrat ». Faire que chaque foyer, chaque entreprise, chaque habitant soit encouragé mais aussi accompagné pour rendre possible des comportements et des consommations plus écoresponsables, pour rendre effective l’atteinte de notre objectif commun de diminution de notre empreinte carbone. Agir « ensemble » face à l’enjeu donc.

Mais nous savons surtout que nous devons prendre des décisions et engager des actions correctives, ou plus structurantes, à l’échelle de l’action collective et publique. C’est le sens de nombreuses propositions formulées au cours de ces Assises de la Transition Ecologique.

Accompagner et faciliter l’investissement des ménages dans la rénovation des logements ou dans les modes de déplacement doux et alternatifs, créer les conditions d’une alimentation de proximité, encourager la décarbonation de l’économie et des services publics, faire s’épanouir une ville dans l’impérative sobriété foncière, développer la production d’énergies renouvelables… Ces exemples sont des leviers majeurs de la transition écologique. Fort du vote et des conclusions opérationnelles de ces Assises, la collectivité assume avec plus de détermination son rôle de régulateur, d’investisseur et de garant d’un avenir commun.

Le chemin aussi décisif que le résultat

Les Assises de la Transition Ecologique ont ainsi mobilisé plusieurs dispositifs d’association des citoyens aux réflexions sur les politiques publiques de la transition écologique. Consultations en ligne, cahiers d’acteurs et ateliers citoyens ont permis à l’agglomération, accompagné par Auxilia, de mobiliser et de coproduire un projet partagé de transition écologique.

Dans cette démarche inédite, deux préalables ont été rapidement formalisés :

  • Le premier était d’avoir pour balise, la réflexion collective les fonctions vitales à l’échelle de la vie quotidienne des habitants : se loger, se déplacer, consommer, se nourrir, produire et travailler, vivre en bonne santé, et s’épanouir. Placer la question de la transition écologique au cœur de nos quotidiens permettaient d’interroger nos modes de vie. Répondent-ils aux enjeux écologiques ? Quels changements sommes-nous prêts à faire ?
  • Le deuxième était évidemment de fixer des règles du jeu claires. De la méthodologie de participation à la décision finale en passant par le processus de construction du cahier de votes, la transparence, l’éthique et l’accessibilité ont été les trois principes qui ont présidé à l’animation des Assises.

Le temps des contributions

L’histoire retiendra que ces Assises de la Transition Ecologique ont été lancées quelques semaines après l’installation des conseils municipaux et la veille du deuxième confinement dû à la crise sanitaire dite de la Covid-19, en octobre 2020.

Après une première enquête en ligne et la compilation de 1 700 réponses venues de l’ensemble des communes de l’agglomération, il a fallu adapter les modes de participation et de mobilisation autour d’un objectif affiché : six mois pour provoquer le débat, stimuler la réflexion à toutes les échelles du territoire, dans le respect des règles sanitaires.

Cette première phase contributive s’est articulée autour d’une approche progressive de réflexion – oser des futurs souhaitables, ouvrir le champ des possibles et le temps des propositions d’action – et d’une volonté de mobiliser au maximum la réflexion collective, le tout appuyé par la création d’un cahier d’acteurs, véritable guide méthodologique à disposition.

En chiffres :

  • Les ateliers citoyens menés par la Communauté urbaine, les communes, les acteurs des quartiers et les agents de collectivité ont permis la participation de près de 400 participants formulant 424 propositions d’action.
  • Environ 250 participants (Associations, syndicats, collectifs d’habitants, établissements scolaires et universitaires, entreprises, etc.) ont profité, de manière collective et autonome, des cahiers de contribution mis à disposition pour formuler 251 propositions d’action.
  • Enfin, le processus a permis de soumettre des propositions directement en ligne et de manière individuelle, sur la plateforme Ecrivons Angers. 140 participants ont saisi cet outil en ligne, bien connu des Angevins, pour formuler 325 propositions d’action.

Malgré un contexte sanitaire difficile, le nombre de participants et de propositions a validé cette première étape. Plus intéressant encore, il est à noter que l’ensemble des fonctions vitales a été investi de façon presque homogène, avec un taux moyen de propositions de 12,8 %, sauf pour le thème Se déplacer qui a davantage mobilisé à 23 %, et notamment plus fortement dans les communes des première et deuxième couronnes de l’agglomération.

Le temps de l’analyse et de la restitution

Les quelques 1000 contributions ont été analysées par Angers Loire Métropole et – par souci de transparence – mises à disposition du public sur le site internet de la collectivité. Le traitement réalisé par Angers Loire Métropole a permis d’en retenir 876 d’entre elles, soit 88 % de l’ensemble des contributions déposées. 124 propositions ont été jugées non recevables parce qu’elles étaient déjà réalisées sur le territoire, hors contexte ou relevaient de l’ordre de règlementations ou décisions nationales. Le 1er juillet 2021, un nouveau temps fort de mobilisation – près de 600 participants – a permis de restituer l’ensemble de cette première étape jusqu’à la présentation de cahier de votes et du processus de décision finale.

Le temps des choix

Les trois principes – transparence, éthique et accessibilité – ont aussi guidé la construction du cahier de votes. Il faut souligner ici la force et la primauté données à la priorisation issue du vote citoyen, la traçabilité des contenus jusqu’à la formalisation de 135 propositions soumises au vote, et la volonté de proposer un cahier de vote le plus accessible possible. Celui-ci a rassemblé les 135 propositions classées autour des sept fonctions vitales. Il a été diffusé, via les magazines Métropole et Vivre à Angers, dans toutes les boîtes aux lettres des 29 communes d’Angers Loire Métropole. Des exemplaires étaient également disponibles dans les mairies de l’agglomération. Une fois rempli, le cahier de vote pouvait être renvoyé gratuitement par enveloppe T. Il était également possible de voter par internet sur le site www.angersloiremetropole.fr.

Que retenir de cette consultation inédite et ouverte du 5 juillet au 15 septembre 2021 ?
8 637 votants se sont exprimés (70 % par vote papier et 30 % par vote numérique) ce qui correspond à un taux de participation de 7,2 % des ménages de l’agglomération. Une implication citoyenne qui se poursuit, même pendant l’été, véritable preuve que la mobilisation, loin de s’être essoufflée, s’est accélérée embarquant de plus en plus de citoyens en faveur de cette priorité écologique.

Le temps de la décision publique et de la mise en mouvement

Le 5 octobre 2021, les résultats complets de la phase de votes ont été présentés. Au-delà des 54 propositions que les habitants ont placées en tête, les élus d’Angers Loire Métropole ont décidé d’activer 9 jokers pour « sauver » des propositions citoyennes, jugées intéressantes et nécessaires. Ainsi, ce sont 63 propositions d’actions qui ont été retenues.

Ces Assises de la Transition Ecologique ont été un acte d’affirmation, collectif, dans le respect des responsabilités et légitimités de toutes les parties prenantes. Le projet désormais connu, né des Assises de la Transition Ecologique, doit se transformer en feuille de route pour la métropole angevine, ses services, les 29 communes et tous les partenaires impliqués. Parallèlement – et dans le droit fil de l’esprit participatif de ces Assises -, il a été décidé de continuer d’associer les citoyens volontaires à l’évaluation participative et le suivi au long court de la mise en mouvement des engagements.

Partager cet article

à voir aussi

Les métiers

Nous accompagnons nos clients dans toutes les phases de leur projet de transition écologique et sociale.