Livraisons, cantines, restos : comment faire basculer son territoire vers le zéro plastique

Chaque mois jusqu’aux élections de mars 2026, Auxilia publie une idée concrète et inspirante pour aider les candidat·es à construire des programmes municipaux à la hauteur des urgences écologiques. Ces propositions sont issues de notre travail de terrain, de nos accompagnements de collectivités, et de notre veille des initiatives les plus audacieuses.
Idée #1 : réduire massivement le plastique, à commencer par les repas livrés à domicile. C’est possible, ça existe déjà… et c’est à portée de main.

Votre auteur et interlocuteurSamuel SAUVAGE

Samuel SAUVAGE

Directeur de projets Economie circulaire et Numérique responsable

Il y a quelques jours se clôturait la troisième Conférence des Nations Unies pour l’Océan (UNOC) à Nice. Un évènement où la centralité de la surface aquatique pour la survie humaine a été rappelé, parfois avec succès (on pense au traité pour la haute mer), parfois avec timidité (on pense aux engagements français pour définir des aires marines protégées). Mais la Conférence a permis de remonter à la source des principales pollutions qui minent les milieux marins – les plastiques -, avec la signature par 95 états du « Nice wake up call for an ambitious plastics treaty [1]». Ainsi, après l’échec du traité international contre la pollution plastique, une majorité semble enfin se dessiner pour réduire en valeur absolue la production de plastique. Si rien n’est fait, il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans d’ici 2050 !

Quand les poubelles débordent, les citoyens s’agacent

Omniprésents dans l’océan, les plastiques le sont tout autant dans nos déchetteries. Ainsi, les déchets ménagers et assimilés (DMA) ont crû ces dernières années : selon l’ADEME, la production d’emballages a progressé de 18 % entre 2010 et 2023 pour atteindre 5,5 millions de tonnes d’emballages mises sur le marché. Parmi eux, les plastiques sont également de plus en plus nombreux ! Des évolutions à rebours complet des objectifs législatifs : baisse de 15 % de déchets ménagers entre 2010 et 2030 selon la loi AGEC[2], réduction de 20 % des emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025…

Pour les collectivités, c’est la double peine : les coûts du service public de gestion des déchets augmentent considérablement, de même que les risques de dépôts sauvages. Voyant leur poubelle jaune déborder de plus en plus rapidement, les citoyen.nes en sont conscient.es.

« Les citoyen.nes placent régulièrement les déchets en tête de leurs préoccupations écologiques. »

Vers le réemploi des contenants des repas a domicile

Ces éléments concourent à faire de la question des plastiques un enjeu fort des élections municipales à venir. Mais que peuvent faire les EPCI[3]pour contrecarrer ces évolutions ? Ne pouvant (généralement) agir sur la production de plastiques, elles ont vocation à œuvrer à une réduction effective de la demande.

Evodia, le syndicat départemental de gestion des déchets des Vosges, avec l’aide d’Auxilia, a relevé le défi avec une idée simple et innovante. Tout est parti d’un constat absurde : chaque semaine, des centaines de repas à domicile sont livrés, via par exemple le centre communal d’action sociale, avec 3 à 5 contenants jetables chacun. À l’échelle de trois collectivités du département, cela représente 70 000 contenants par an. Un gaspillage qui pourrait être évité et que la loi AGEC avait cherché à limiter en obligeant les collectivités qui effectuent plus de trois livraisons par semaine à proscrire le jetable.

Evidemment, ces mutations se heurtent généralement à des obstacles techniques qu’il convient de lever à travers une étude de faisabilité. Soutenue par Citeo, une étude a révélé qu’une alternative était possible : utiliser les infrastructures de lavage déjà présentes dans les hôpitaux et les cuisines centrales qui préparent et acheminent les repas. Lors de la livraison du repas, les véhicules récupèrent les contenants de la veille. Certes, des points de vigilance subsistent (conditions de travail, coûts, logistique), mais ce projet prouve qu’on peut réduire significativement les emballages, comme l’a montré depuis quelques années la Ville de Fontenay-sous-Bois avec son système de livraison de repas à domicile (voir la vidéo). L’autre promesse de cette expérimentation est de s’étendre à tous les établissements du département dans les prochaines années, ce qui permettrait d’éviter près de 1,5 à 2 millions de contenants chaque année ! Une telle mesure, basée sur l’exemplarité, doit pouvoir se mettre en place partout en France.

Vers des territoires zéro plastique ?

La collectivité peut s’appuyer sur ces initiatives pour transformer l’essai et réduire drastiquement les emballages consommés sur son territoire. L’un des objectifs est de toucher les contenants des repas à emporter qui s’imposent progressivement comme un mode de consommation incontournable. Tout porte à croire que les habitant.es retireraient de la fierté si, à l’échelle de leur commune ou de leur agglomération, la plupart des restaurateurs incitaient à l’utilisation de contenants réemployables.

Il ne suffirait alors pas de « sensibiliser » ou de « communiquer » sur les alternatives existantes : il s’agit d’afficher un objectif fort, comme « Cap vers le zéro plastique » inscrit dans la politique écologique locale. Au-delà de la visibilité de la démarche, une incitation est à construire, en lien avec les éco-organismes : l’engagement d’une charte territoriale des restaurateurs, sur le modèle de celle propulsée sur le plan national par le Ministère (à découvrir ici). En s’engageant, les professionnel.les auraient accès à des avantages (mise à disposition de contenants, accès à des infrastructures mutualisées, compensations financières…), mais offriraient en échange une remise aux consommateurs qui apportent leur propre contenant.

Un déploiement d’un contenant traçable qui permet de cumuler des points à chaque utilisation, via une application ? L’animation et la structuration de ces acteurs du réemploi ? La mise en place d’outils de collecte ? Tout cela à la fois ? Une chose est sûre : dans un monde de plus en plus conçu pour l’homo confort (selon le terme popularisé par Stefano Boni), cette politique doit marquer les esprits pour réussir.

Marquer les esprits, c’est justement l’un des objectifs d’une campagne municipale : alors, Mesdames et Messieurs les candidat.es, qu’attendez-vous pour travailler à cette mesure dans votre programme ?
Contactez Samuel Sauvage pour parler de votre projet.

[1] « Une belle prise de conscience pour un traité ambitieux sur les plastiques »

[2]  Loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire

[3] Etablissement public de coopération intercomunale

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