Résilience territoriale : de l’incantation à l’action !

A l’occasion du Salon des maires et des collectivités 2022, Auxilia a choisi d’aborder la résilience dont les territoires doivent faire preuve dans ces périodes bouleversées et où l’urgence semble guider nos réflexions.

Quelle place réserver à la résilience du territoire dans sa politique publique ? Comment dépasser la simple approche technique ou méthodologique ? L’accompagnement peut-il être une clé de succès d’un plan de déploiement ? Comment s’approprier une démarche de résilience ?

Echanges avec :

  • Anastasia Tymen, cheffe de projets Urbanisme – Auxilia
  • Louise Rhodde, cheffe de projets Résilience territoriale – Cerema
  • Bertil de Fos, directeur général – Auxilia
Votre interlocutriceAnastasia TYMEN

Anastasia TYMEN

Responsable de l'expertise Urbanisme
Votre interlocuteurBertil DE FOS

Bertil DE FOS

Directeur général

Cerema livret résilience territorialeLa résilience des territoires est dans toutes les bouches et sonne parfois comme une injonction. De nombreux outils de diagnostic et d’initiatives émergent, donnant naissance à des démarches ou des méthodes proposées aux élus et décideurs locaux comme des modes d’emploi. Et pourtant, face à l’accélération de l’urgence environnementale et à la diversité des chocs subis, les territoires peinent à passer en mode action.

Comment définir la résilience ?

Aujourd’hui beaucoup utilisé, le terme de résilience est encore mal défini. A l’origine, en physique, la résilience est une valeur caractérisant la résistance au choc d’un métal. La psychologie évoque la capacité à surmonter les chocs traumatiques. Adapté à l’écologie, on parle de capacité à retrouver un état d’équilibre après un événement exceptionnel. On est passé d’une approche technique à des usages politiques de la résilience.

La résilience est la capacité d’anticipation, d’adaptation et de transformation des territoires dans toutes leurs composantes (infrastructures, populations, réseaux…) face aux changements (chocs, stress chroniques…).

« Comme le note Bertil de Fos, la résilience est critiquée à plusieurs titres. Elle ne se laisserait pas facilement mesurer (est-ce qu’un territoire est très résilient ou pas suffisamment ?). Elle ne laisserait pas la place aux citoyens et serait confisquée par des experts. Enfin, l’intérêt pour la résilience marquerait l’échec des politiques d’atténuation. Et pourtant, entre succession de crises et dégradations irréversibles, elle est une boussole fondamentale de l’action publique locale. Elle est même un enjeu majeur de la décennie : si on réussit collectivement à développer une culture de la résilience, on développera dans le même temps le potentiel de transformation à la hauteur des enjeux.

Quels sont les constats majeurs qu’Auxilia dresse au contact du terrain ?

Forte de nombreuses missions d’accompagnement de collectivités comme le département de la Gironde ou la ville de Besançon, Auxilia constate que les territoires les plus matures sur les sujets de la transition écologique font preuve d’une volonté politique forte et au plus haut niveau. Pour certains décideurs publics, la résilience est un impératif pour repenser l’action publique. Ils font le constat lucide de la dégradation irrémédiable de l’environnement et donc d’une évolution des conditions d’habitabilité des territoires. Face aux risques qui les menacent et leurs conséquences imprévisibles, ils doivent agir dans l’incertitude. Leurs actions sont donc guidées par leur vision et leur profonde conviction.

Parallèlement, Auxilia observe que l’amélioration de la résilience sur un territoire impose un travail en coopération au sein même des collectivités, entre élus d’une même majorité, entre élus et services, entre collectivités elles-mêmes (ville, agglomération, département…), entre acteurs économiques et acteurs publics et avec les habitants. D’abord pour se mettre d’accord sur ce qu’on veut protéger et en miroir, sur ce à quoi on doit renoncer.

Et enfin, la résilience est une transformation, une dynamique que chaque acteur doit appréhender, s’approprier et maitriser pour agir.

A mes yeux, c’est une transformation aussi importante, un défi aussi grand que la transformation numérique ou la digitalisation qui transforme toutes les organisations. – Bertil de Fos

Comment passer de l’incantation à l’action ?

Pour Anastasia Tymen, l’envie d’agir est le moteur d’une prise de conscience des enjeux et d’une forme de lucidité sur les vulnérabilités du territoire. La crise de Covid-19 n’a épargné personne mais les stress chroniques ou les aléas peuvent s’exprimer différemment et révéler de plus grandes vulnérabilités économiques, alimentaires ou sociales. On pense aux zones littorales qui doivent faire face à des risques spécifiques de submersions par exemple.

Au-delà de ce premier niveau, élus et agents doivent s’acculturer et monter en compétences sur la notion de résilience. Elle renvoie à un vocable particulier, à des mécanismes et des propriétés comme la robustesse ou la redondance des systèmes qui ne sont pas encore intégrés systématiquement à la conception des politiques publiques et des projets locaux.

Et enfin, la volonté politique d’aborder différemment son action publique permet de chausser de « nouvelles lunettes », d’appréhender autrement ce qui a déjà été fait. C’est l’occasion de réinterroger l’ensemble des projets, des réflexions et des actions portées par la collectivité.

Un jeu sérieux pour s’inspirer, agir et fédérer

A l’origine de ce jeu : une démarche de prospective qu’Auxilia a conduite avec Bouygues Construction en 2020. Une enquête menée auprès d’un panel de collectivités révèle que la majorité d’entre elles était très lucide sur ses vulnérabilités et son besoin de s’équiper, mais dans le même temps, elle manque de visibilité sur les outils, les méthodes et les dispositifs disponibles.

C’est de cette rencontre manquée entre l’envie d’agir et les outils existants qu’est né le jeu sérieux : un outil de médiation et de sensibilisation ludique pour inscrire les territoires dans un premier niveau de connaissance et d’engagement. – Anastasia Tymen

Le jeu sera disponible dès début 2023. Il cible prioritairement les agents territoriaux et les élus locaux. Par groupe de 5 à 6 personnes, chacun incarne un membre d’un conseil municipal dont la mission est de répondre aux besoins du territoire, tout en respectant les limites planétaires. Plusieurs chocs soudains vont surgir et forcer l’arbitrage et la collaboration pour être capable de rebondir et de faire face.

Au fil de la conception, le cercle des partenaires s’est élargi et bénéficie du soutien de l’Institut Eco Conseil (Namur), la Banque des Territoires et l’ADEME qui a retenu le projet dans son appel à communs sur la résilience. Le jeu est donc aujourd’hui un commun qui sortira sous licence Creative Common : il est gratuit et appropriable librement par tous. Il a bénéficié des contributions du Cerema, du Shift Project, de France Ville Durable et de territoires pilotes (Lausanne, Montreuil, la Seine-Saint-Denis, le département de la Gironde, la ville de Poitiers…). Merci aux bêta-testeurs !

Concrètement, le jeu sérieux permet de manipuler les notions clé de la résilience. L’expérience se construit sur les mécaniques du jeu puis par le lien avec la réalité de son territoire dans la phase de débrief qui conclut la partie.

Il est une source d’inspiration avec ses 80 « cartes actions » manipulées durant la partie et documentées sur un site web associé fournissant des ressources méthodologiques et des exemples concrets pour appliquer et adapter les actions aux territoires.

Parce que le jeu convoque des imaginaires positifs, la prise en main du sujet de la résilience est facilitée et espérante.

Quand le Cerema traite de résilience

Cerema et boussole de la résilienceAu coeur de l’accompagnement des territoires, le Cerema partage les mêmes constats qu’Auxilia sur la nécessaire mise à disposition d’outils positifs et concrets.

Ainsi, il développe en 2020 la boussole de la résilience et le met à disposition gratuitement sur son site. Elle permet d’identifier ce qui existe, de mieux comprendre l’éco-système et les actions en fonction des leviers disponibles.

La résilience permet de faire différemment, et pas de faire à nouveau. – Louise Rhodde

Pour aller plus loin, le Cerema rédige un livret « Agir maintenant pour transformer demain. » Ce livret compile de nombreux retours d’expériences et confirme le nécessaire partage pour s’approprier et accélérer sa propre transformation. Concrètement, Louis Rhodde conseille de se lancer en saisissant le prochain projet à la lumière de la résilience, en décalant son regard et en utilisant les outils mis à disposition gratuitement notamment. Retrouvez les outils du Cerema sur son site.

La structuration, l’organisation d’une démarche peut nécessiter un accompagnement qu’Auxilia est à même de fournir aux territoires ruraux, littoraux, montagnards ou plus denses.

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