Une boîte à outils pour les projets d’énergies renouvelables, pour quoi faire ?

14 janvier 2021 08:34
Sous-titre/Année
Entretien avec Simon Pouillaute, Chef de projet Energie Climat
Auto-diagnostic de la boîte à outils Auxilia
Chapô

En juillet 2020, l’Agence Régionale Energie Climat (AREC) d’Occitanie publiait la première boîte à outils opérationnelle pour favoriser l’appropriation des projets EnR (Energies Renouvelables) sur les territoires. Simon Pouillaute a contribué à l’émergence de ce projet.

Bonjour Simon. Une boîte à outils pour favoriser l’appropriation des EnR, est un sacré chantier. Comment est né ce projet ?

La demande est venue de la Région Occitanie qui souhaite être la première région à énergie positive de France (REPOS). Elle a alors missionné l’AREC (Agence Régionale Energie Climat) pour réaliser une boîte à outils qui aide les collectivités à prendre la mesure des projets de développement des énergies renouvelables. Ils ont choisi Auxilia (en groupement avec Transitions) pour réaliser ce travail qui, en effet, n’était pas une mince affaire !

L’enjeu est d’inciter les collectivités à se poser les bonnes questions avant de s’engager dans un tel projet. Certaines s’engagent tête baissée convaincues que les EnR représentent l’avenir. Mais en oubliant certaines étapes, elles risquent de se heurter à des résistances fortes qui, au final, retarderont le projet. D’autres, au contraire, n'accordent pas beaucoup d’importance aux EnR et fonctionnent par opportunité vis-à-vis des promoteurs. Ceux-ci cherchent souvent de grands propriétaires fonciers pour proposer leur projet et l’essentiel des négociations se fait donc entre acteurs privés. Cela crée des tensions avec les citoyens mis alors devant le fait accompli.

Au-delà des résistances, il en résulte un développement des EnR non coordonné entre les différentes communes et une non-implication des citoyens dans la gouvernance et la redistribution des retombées économiques. C’est ce que souhaitait éviter la Région Occitanie, en fournissant certains outils préalables à l’engagement des investissements pour ses collectivités.

Concrètement qu’apporte cette boite à outils ?

En téléchargeant la boîte à outils, gratuite et open source, l’utilisateur découvre un outil  d’auto-diagnostic pondéré sur l’ensemble des questions à se poser, puis il est dirigé vers 5 « briques » indispensables ou facultatives selon sa situation initiale. Chacune d’elles contient un cahier des charges pré-rédigé (pour faire appel à un prestataire externe), des modes d’emploi (pour réaliser soi-même) et des estimations de temps de travail et de coût.

Concrètement, la boite à outils comprend :   

    • Un outil de cartographie sensible des acteurs du territoire ;
    • Un outil de recensement des données existantes du territoire : 73 bases de données identifiées, des conseils dédiés à leur traitement, la possibilité de compiler les données pour en extraire une analyse ;
    • Une enquête locale à diffuser (en format papier et en ligne) auprès des cibles (élus, acteurs économiques, citoyens…) ;
    • Une méthodologie pour faire émerger l’historique paysager et urbanistique du territoire. Cet outil original vise à créer un récit autour de l’énergie montrant que chaque choix énergétique a pu avoir des conséquences fortes sur les paysages et la qualité de vie dans le temps long, et qu’il est donc nécessaire d’associer les habitants à ces projets ;
    • Un tableau d’analyse des projets existants, pour identifier les réalisations, les freins et les leviers associés sur le périmètre souhaité.

Ce n’est qu’après avoir utilisé ces différentes briques que la collectivité est invitée à s’engager dans une étude plus fine sur ses potentiels EnR. Là encore, un cahier des charges ou un mode d’emploi sont à retrouver pour aider concrètement à s’engager.

Et maintenant, quelles sont les prochaines étapes pour cette boîte à outils ?

Pour l’instant, elle semble bien accueillie par les utilisateurs. Il faut rappeler qu’elle n’est pas sortie de nulle part : elle résulte d’ateliers organisés avec les collectivités, d’entretiens avec les acteurs clés et d’une enquête en ligne  auprès de 450 collectivités. Nous nous étions donc assurés en amont qu’elle répondrait aux besoins des pouvoirs publics.

Cependant nous sommes conscients qu’elle est encore très perfectible. C’est vrai sur le plan graphique où les contenus pourraient être optimisés et plus didactiques, mais également sur le fond où d’autres outils pourraient compléter l’approche, notamment sur les phases aval, comme les manières d’engager une concertation ou sur l’exploitation des EnR.

Le 2 février, la boîte à outils sera présentée et testée lors des Assises Européennes de la Transition Energétique. Nous aurons donc de nouveaux retours, et invitons tout un chacun à formuler ses remarques ! L’objectif est que cela soit le plus utile et complet possible pour mettre les projets EnR sur de bons rails, partout en France.

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