Pour un développement endogène des territoires

12 décembre 2017 14:41
écologie industrielle et territoriale auxilia
Chapô

Modèle reposant sur une approche concrète et pragmatique d’échanges de ressources, les démarches d’écologie industrielle et territoriale peuvent apporter une solution durable au développement des territoires. Ces derniers commencent ainsi à s’en saisir, accompagnés bien souvent par des structures locales/régionales comme ce fût le cas avec la communauté de communes du Pays Charitois.

Les territoires sont actuellement confrontés à des injonctions qui peuvent sembler paradoxales de prime abord : opérer la transition socio-écologique d’un côté, et poursuivre, voire relancer le développement économique de l’autre, quand bien même celui-ci met généralement à mal l’écosystème dans lequel il s’inscrit.

Face à cette apparente contradiction, de nouveaux modèles de développement, appelés notamment démarches d’écologie industrielle et territoriale (EIT), émergent dans les territoires pour redonner du sens et de la valeur au mot « développement », tout en faisant converger les intérêts des acteurs économiques, des institutionnels et des citoyens.

De plus en plus de territoires (cf Pour en savoir plus) déploient actuellement ce type de démarche, appuyés par des acteurs régionaux. La Dreal Bourgogne-Franche-Comté a ainsi initié dans un de ses territoires, la communauté de communes du Pays Charitois, devenue communauté de communes Loire, Nièvre et Bertranges (CCLNB), un tel projet basé sur la coopération des forces vives, en vue de construire les fondements d’un développement endogène. « Nous avons toujours pensé que cette démarche constituait un levier pour les entreprises locales afin d’améliorer leur ancrage territorial. Elle doit permettre de réaliser des synergies notamment par la mutualisation de moyens (équipements et infrastructures) et de matières car les résidus de production des uns peuvent devenir des ressources pour d’autres », a précisé Gérard Voisine, vice-président en charge du Développement économique, de l’Emploi et de l’insertion, à la CCLNB.

Pour aider au lancement de ce projet, la collectivité s’est entourée dès le départ d’un groupement de cabinets de conseils – Auxilia et Mydiane – chargé notamment de la réalisation du diagnostic du territoire.

 

Partir des besoins des acteurs

Lancé en mai 2016, le diagnostic avait pour but d’établir des échanges entre acteurs locaux et d’identifier certaines pistes d’actions. Pour cela, une analyse très fine du territoire a été réalisée, à travers une phase d’immersion composée de visites et de nombreux entretiens qualitatifs. Le contexte du territoire, à dominante rurale, est en outre une caractéristique clé qui a permis de cibler d’entrée les ressources à enjeu sur lesquelles se pencher, et tout particulièrement les matières organiques. Plusieurs besoins sont ainsi rapidement apparus auprès d’une grande variété d’acteurs. Les paysagistes et la collectivité sont confrontés à la nécessité de gérer les flux de déchets verts produits et d’en minimiser les coûts ainsi que la logistique associée. La collectivité, les acteurs en charge de la restauration collective (collège, hôpitaux, maisons de retraite), ainsi que les grandes surfaces, doivent également intégrer la problématique de valorisation des biodéchets, tout en se conformant à la réglementation en vigueur. Enfin, les agriculteurs doivent eux parvenir à amender qualitativement les terres agricoles avec des ressources locales.

L’animation de plusieurs ateliers de partage des ressources a également favorisé la rencontre des acteurs du territoire concernés par la boucle des matières organiques, qui ont pu se positionner et partager leurs difficultés, leurs besoins et leurs questionnements. Ils ont entrevu l’émergence de solutions communes, à travers de nouveaux modes de faire, de nouvelles relations de travail, et avec de nouveaux acteurs porteurs d’autres savoir-faire.

 

Mobiliser les acteurs, pérenniser l’animation …

Pour ces démarches, la mobilisation des acteurs est essentielle. « La participation des acteurs est le noyau d’une démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale. Sans eux, une collectivité ne peut agir et tendre vers un territoire exemplaire », a indiqué Laurie Saulnier, chargée de prévention déchets - Maître Composteur, Animatrice Territoire Zéro Déchet Zéro Gaspillage, à la CCLNB. Les entretiens, rencontres, visites et ateliers aident à l’appropriation de cette initiative par les acteurs locaux et ainsi à leur mobilisation. Les « acteurs clés » ont en outre été ciblés en priorité, ceux dont l’enthousiasme est contagieux, ceux qui sont légitimes et reconnus, ceux également qui disposent d’une force d’entrainement à même de fédérer de nouveaux acteurs autour d’eux.

Mobiliser est la première étape, mais « l’enjeu est de maintenir cette mobilisation. Il ne faut pas laisser retomber la dynamique engagée. L’animation est la clé de la réussite. Pour ce faire, la collectivité a choisi d’engager un animateur dédié à la poursuite de la démarche pour continuer le travail et en faire émerger de nouveaux », a appuyé Laurie SaulnierCette dimension doit donc être prise en compte très tôt par les territoires, ceci afin d’assurer une transition toute en douceur entre prestataires conseils qui ont lancé la démarche et la structure qui prendra ensuite le relai.

 

Territoire terreau de démarches complémentaires et innovantes

Après plus d’une année de visites de sites et de diagnostics qui se poursuivent encore actuellement, un premier bilan intermédiaire a pu être dressé, et une stratégie d’échange de ressources commence à se dessiner.

Dans le même temps, la CCLNB a également recherché des synergies entre la démarche EIT et les nombreuses autres politiques territoriales menées : transition énergétique (Tepos), le zéro déchet (territoire zéro déchet zéro gaspillage) et l’emploi et l’inclusion sociale (territoire zéro chômeur longue durée). Ces démarches et actions sont évidemment complémentaires et forment une vision intégrée de la transition socio-écologique du territoire.

Enfin, à partir de la mission conduite localement sur la CCLNB, l’enjeu à l’échelle régionale était double pour la Dreal : partager les résultats, mettre en synergie les territoires déjà engagés, et recruter de nouveaux territoires pour changer d’échelle. A cet effet la première édition des « Rencontres en Bertranges » s’est tenue en juillet 2017, et celle-ci a permis d’aboutir à une synthèse méthodologique.

 

Auxilia mène actuellement plusieurs autres missions de ce type :

  • à Paris, sur le quartier des deux rives (entre les gares de Lyon, Austerlitz et Bercy) ;
  • à l’échelle régionale en Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-D’azur et dans les Pays de Loire.

 

Pour en savoir plus :

 

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