Mettre en réseau les acteurs locaux : une nécessité

05 décembre 2017 16:39
auxilia economie  circulaire
Chapô

L’écologie industrielle et territoriale (EIT) a le vent en poupe, en témoigne le lancement d’un réseau national le 23 novembre dernier, par l’ADEME et le MTES [1].  Avec plus de 60 démarches répertoriées en France, le sujet bénéficie depuis plusieurs années d’impulsions et de soutiens publics nationaux et locaux[2].

 

 

De grandes promesses…

L’EIT constitue l’application territorialisée de l’économie circulaire. Basée sur la coopération entre acteurs locaux, elle porte de grandes promesses : développement économique local, ancrage des activités, économies (ou gains) financiers et réduction des impacts environnementaux.  Par le partage de matières,  de flux, d’équipements, de services entre organisations, les synergies accélèrent  l’innovation et créent des opportunités. On observe que les questions de la bonne gestion des ressources et de l’ancrage territorial commencent à faire sens pour de plus en plus d’acteurs économiques.

Pourtant,  les démarches peinent à produire des effets rapides et la pérennité de leur animation reste un enjeu dans bien des cas. Le modèle économique et juridique des synergies repérées peut s’avérer complexe à mettre en place. Les enjeux de gouvernance sont alors au cœur du sujet. Enfin, l’EIT reste un sujet d’initiés : sa dénomination peut paraître technicienne voire antinomique (« écologie » et « industrie »).

Face à ces constats, mais aussi en analysant des success stories, la nécessité absolue d’animer de façon continue et sur une longue période est reconnue par tous. Or,ces animateurs de démarches EIT, pluridisciplinaires et aux compétences variées, ont besoin de visibilité et de partage.

 

Du besoin de mettre les acteurs en réseau

Après des pionniers de l’animation locale comme Ecopal dès 2001 et le Club d’Ecologie Industrielle de l’Aube (2003), plusieurs Régions ont lancé des animations régionales à destination des porteurs de projet : l’ex Région Poitou-Charentes en 2014 avec le Pôle des Eco-Industries, puis l’ex Région Rhône-Alpes en 2015 ainsi que la Région Provence-Alpes-Côte  d’Azur, suivies en 2017 des Régions Grand Est et Pays de la Loire.

 

Retour sur un an d’animation de réseaux régionaux

Auxilia a le plaisir d’animer depuis 2016 les réseaux régionaux Auvergne Rhône-Alpes et PACA, et commencera fin 2017 en Pays de la Loire. Les missions qui nous sont confiées : capitalisation, accompagnements individuels des animateurs de démarches locales, et surtout animation du réseau (apport de contenus, préparation et animation des rencontres, formations…).

Après une première année d’exercice, nous retirons certains enseignements quant à l’utilité de tels réseaux :

  • Une montée en compétence des animateurs, à la faveur notamment d’un décloisonnement des approches et d’un croisement des regards (entre praticiens mais aussi avec des parties-prenantes locales : chefs d’entreprise, élus) ;
  • Une prise de recul pour les participants, voire un temps de « respiration » par rapport au quotidien intense de leurs projets ;
  • Un partage des pistes de synergies, celles-ci se retrouvant d’un territoire à l’autre (palettes, cartons, énergies fatales…), afin d’améliorer les réponses apportées par chaque animateur ;
  • Le lancement d’un dialogue constructif entre les animateurs et les partenaires (souvent financiers) de leur démarche : anticiper les opportunités de financement; discuter de freins réglementaires aux synergies ; trouver le juste niveau d’exigence quant aux résultats attendus pour la démarche…
  • Un élargissement du réseau dans le temps, avec une diversité croissante des profils.

Parmi les limites rencontrées à cet exercice, nous avons notamment relevé :

  • L’utilité limitée des outils numériques : les plateformes sont utiles pour capitaliser, faire de la veille ou communiquer sur son projet, mais elles ne sont pas très appropriées par les animateurs au quotidien. En d’autres termes, rien ne remplace l’humain ;
  • La question de l’évaluation des démarches : la mesure de l’impact et sa valorisation est un enjeu que chacun mesure,  mais qui reste difficile à mettre en œuvre.

En synthèse, l’animation de tels  réseaux appelle un savant dosage de technicité (mais chacun portant son contexte et ses contraintes, les réponses ne peuvent pas être uniformes) et de savoir-faire d’animation et d’intelligence collective. L’ADEME et le Ministère ont bien compris l’intérêt de ces dynamiques, en voulant les fédérer à travers un réseau national. Quant à Auxilia et ses partenaires [3], nous étudions actuellement  les conditions de pérennisation et les modèles économiques des démarches EIT en France.  A suivre…


[2] L’EIT a fait l’objet de nombreux projets de Recherche (ex : COMETHE)et d’outils méthodologiques (ex : Guide d’action pour les territoires). Soutiens nationaux à des outils et méthodes : PNSI, ELIPSE, Act’IF.

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